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AU-DELÀ DE LA FAIM

LES VÉRITABLES RÉPERCUSSIONS DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

AU-DELÀ DE LA FAIM : LES VÉRITABLES RÉPERCUSSIONS DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Chaque jour, un-e Canadien-ne sur huit a de la difficulté à se procurer de la bonne nourriture pour combler ses propres besoins alimentaires et ceux de sa famille. Or, depuis la pandémie, cette proportion est passée à une personne sur sept en raison des mises à pied et du ralentissement de l’économie.

L’insécurité alimentaire se traduit par l’incapacité de se procurer suffisamment de nourriture, ou par la crainte de ne pas avoir suffisamment d’argent pour en acheter. Bien que l’expression « insécurité alimentaire » ne soit pas courante, il s’agit là d’un grave problème — et malgré ce que pensent la plupart des gens, ses répercussions vont bien au-delà de la faim. Le problème de l’insécurité alimentaire trouve ses racines dans la pauvreté.

 

   

POURQUOI Y A-T-IL DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE AU CANADA?

Plus d'information

PLUSIEURS PERSONNES OCCUPENT DES EMPLOIS PEU PAYANTS ET PRÉCAIRES

Le nombre d’emplois à temps partiel et temporaires est en hausse. Les secteurs d’emploi qui accusent la plus forte croissance offrent de maigres salaires, peu d’avantages sociaux et de faibles perspectives d’avancement de carrière.

LES CANADIEN-NE-S ONT DU MAL À FAIRE FACE À LA HAUSSE DU COÛT DE LA VIE

Plusieurs personnes, y compris parmi celles dont le revenu se situe au-dessus du seuil de pauvreté, n’ont pas assez d’argent pour se procurer de la nourriture en raison des coûts élevés du logement, des services de garde à l’enfance et des autres besoins de base.

COLONIALISME ET RACISME SYSTÉMIQUE

Au Canada, les personnes racisées et les Autochtones sont plus susceptibles de souffrir d’insécurité alimentaire que les personnes blanches.

LE FAIBLE MONTANT DES PRESTATIONS D'AIDE SOCIALE MAINTIENT LES GENS DANS LA PAUVRETÉ

Le revenu des gens sur l’aide sociale se situe sous le seuil de pauvreté, et ne leur permet tout simplement pas de répondre à leurs besoins de base.

DE PLUS EN PLUS DE PERSONNES VIVENT SEULES

Plusieurs adultes célibataires doivent assumer seuls les frais de logement, et alors que le coût de la vie augmente, ils sont plus susceptibles de vivre dans un logement trop cher pour leurs moyens et de ne plus être en mesure de répondre à leurs autres besoins de base.

LA NOURRITURE DANS LE NORD EST INABORDABLE

Le coût de la nourriture dans les communautés nordiques est plus de deux fois élevé que dans celles du Sud du pays.

NOS CONSTATS

Les répercussions de l’insécurité alimentaire ne se traduisent pas seulement par un manque de nourriture. L’insécurité alimentaire rend les gens malades et brise des relations, en plus de nuire à la capacité d’occuper un emploi stable et de prendre pleinement part à la société.

 

« Ma plus jeune fille, qui étudiait pour devenir danseuse professionnelle, mangeait autant qu’un homme adulte de grande taille. Maintenant, alors qu’elle n’a pas suffisamment accès à de la nourriture et qu’elle ne mange que de la nourriture malsaine, elle n’a plus l’endurance nécessaire pour continuer à danser. »

« Je sens que je ne vaux rien. Je sens que j’ai peu d’importance. [Ne pas avoir accès à de la nourriture] diminue mon estime de moi-même. »

« Je ne peux pas acheter de cadeaux de Noël ou d’anniversaire à mes grands-enfants, et cela me rend triste. Je n’assiste pas à leurs réjouissances parce que je me sens mal à l’aise. »

« Je dois sauter des repas. Ma santé est très mauvaise — j’ai fait huit crises cardiaques. Je dois prendre 30 pilules par jour, et c’est difficile de le faire sans nourriture. »

 

Lorsque nous avons parlé avec les participant-e-s, voici ce qu’ils nous ont confié sur la manière dont l’insécurité alimentaire affecte leur vie.

+ 81 % des personnes disent que l’insécurité alimentaire a une incidence négative sur leur santé physique..
 

L’insécurité alimentaire affecte tous les aspects de la santé physique, du bien-être quotidien jusqu’aux maladies chroniques.

« J’ai une maladie coronarienne et j’ai subi un pontage chirurgical. Je devrais manger certains aliments en particulier, mais ce n’est pas toujours possible à cause de l’argent. »

  • Les dépenses annuelles en soins de santé sont 49 % plus élevées chez les adultes qui vivent dans des ménages frappés d’insécurité alimentaire modérée, et 121 % plus élevées chez les adultes qui vivent dans des ménages qui souffrent d’insécurité alimentaire grave.
  • Les personnes souffrant d’insécurité alimentaire sont cinq fois plus susceptibles de ne pas prendre les médicaments qui leur ont été prescrits.
+ 79 % des gens disent que l’insécurité alimentaire a une incidence négative sur leur santé mentale.
 

L’insécurité alimentaire affecte la santé mentale en causant de la dépression, de l’anxiété, des troubles de l’humeur et de l’idéation suicidaire.

« Je ressens de la panique. Ma nervosité augmente quand les armoires commencent à se vider. »

  • 40 % des personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire sont aux prises avec de l’anxiété et d’autres troubles du comportement.
  • Les personnes souffrant d’insécurité alimentaire comptent pour le tiers des cas d’hospitalisation liés à la maladie mentale.

« J’ai une amie qui vient juste de se suicider parce qu’elle ne pouvait pas obtenir l’aide dont elle avait besoin. Beaucoup de personnes se sentent comme ça — que tout le monde s’en fout. »

+ 57 % des gens disent que l’insécurité alimentaire nuit à leur capacité de trouver ou de garder un emploi.
 

L’insécurité alimentaire crée des obstacles à l’emploi en raison des problèmes de santé physique et mentale et du manque d’énergie et de motivation qu’elle engendre, de même que des coûts associés à la recherche d’un emploi.

« Je dois parfois manquer des quarts de travail pour trouver de la nourriture. La nourriture que je trouve vaut plus qu’une ou deux heures de travail perdues. »

  • Près du tiers des répondant-e-s ont dit que le temps qu’ils consacraient à répondre à leurs besoins alimentaires ou l’instabilité associée à l’insécurité alimentaire nuisait à leur capacité de trouver et de garder un emploi.

« Quand tu n’as pas mangé pendant des jours, tu n’as pas le goût de te lever et de chercher du travail. Tu ne fais que penser à la nourriture. »

+ 53 % des gens disent que l’insécurité alimentaire nuit à leur capacité de trouver un sens et un but à leur vie.
 

Les problèmes de santé mentale associés à l’insécurité alimentaire mènent à une faible estime de soi, à un questionnement par rapport à la valeur personnelle et aux capacités intellectuelles, et à une vision pessimiste de l’avenir.

« S’inquiéter constamment au sujet de la nourriture limite mes capacités. Je passe tellement de temps à stresser que je n’ai pas le temps de faire des nouvelles choses. »

  • Certains répondant-e-s ont ressenti que l’insécurité alimentaire limitait les choix de vie qui s’offraient à eux. Près du tiers de ceux-ci ont affirmé que leur situation sur le plan alimentaire les avait obligés à adopter un mode de vie ressemblant à de la survie.

« Une des raisons pour lesquelles je n’ai pas terminé l’école était que j’étais très malade, et si j’étais très malade, c’est parce que je manquais de nourriture. »

+ 58 % des gens disent que l’insécurité alimentaire restreint leur capacité de prendre part à des activités sociales.
 

L’insécurité alimentaire mène à l’isolement social et limite la capacité des personnes à participer pleinement à la société.

« Je ressens beaucoup de nervosité quand les gens me demandent d’aller manger à l’extérieur, alors je leur dis non. »

  • Les personnes à faible revenu sont six fois plus susceptibles d’être isolées socialement. L’isolement social a des répercussions négatives sur la santé alors qu’il est à l’origine de plusieurs maladies chroniques et problèmes de santé mentale.

« Des gens m’inviteront quelque part, mais je n’arrête pas de leur quêter de l’argent. [La solitude] me cause vraiment de l’ennui — et, des fois, ça me donne le goût de tout lâcher. »

+ 46 % des gens disent que l’insécurité alimentaire restreint leur capacité de célébrer leur culture.
 

L’insécurité alimentaire nuit à la participation aux événements culturels et aux fêtes. Cela donne aux gens l’impression d’être exclus de leur culture.

« Célébrer, ce n’est plus possible pour moi. Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j’ai célébré une fête. Je dois faire des compromis. »

« La fête de ma fille a été un moment difficile. Rien que pour qu’elle puisse voir d’autres enfants et manger des pâtes, j’ai dû emprunter de l’argent. »

« Je voudrais préparer des tamales ou des croquetas. Mais je n’ai pas l’argent pour aller là où on en vend ou pour préparer mes plats [traditionnels]. Aujourd’hui, c’est la Toussaint et le jour des Morts. J’aimerais faire des tamales pour les offrir aux morts, mais je ne peux pas le faire. »

+ 64 % des gens disent que l’insécurité alimentaire affecte les relations avec les membres de leur famille et leurs amies.
 

L’insécurité alimentaire peut mettre les relations avec les êtres chers à dure épreuve, et affecter les enfants de façon permanente. Les enfants qui souffrent d’insécurité alimentaire risquent d’être hyperactifs et inattentifs, en plus de voir augmenter leurs risques de souffrir de problèmes de santé mentale une fois adultes.

« J’ai honte de n’avoir rien à manger. Je ne sais pas comment dire aux membres de ma famille que je n’ai pas de nourriture ou que je tombe dans la dépression à cause de ça. »

  • Soixante pour cent des personnes qui ont fourni des réponses détaillées ont expliqué qu’elles évitaient les rencontres sociales lorsqu’elles ne pouvaient pas apporter de nourriture ou n’avaient pas l’argent pour y participer.

« Une grande partie de notre société est centrée sur la nourriture. “Allons manger à l’extérieur!” “Prenons un café!” “Soupons ensemble!” Je dois alors expliquer que je n’ai pas assez de nourriture ou d’argent pour le faire. Alors, ils ne m’invitent plus parce que je ne peux pas les inviter. »

+ 59 % disent que l'insécurité alimentaire a une incidence négative sur leurs enfants.
 

L’insécurité alimentaire peut affecter les enfants de façon permanente. Les enfants qui souffrent d’insécurité alimentaire risquent d’être hyperactifs et inattentifs, en plus de voir augmenter leurs risques de souffrir de problèmes de santé mentale une fois adultes.

« Je devais aller dans des banques alimentaires, et ce n’était vraiment pas facile. Ça a ruiné la qualité de vie de mes enfants. C’était l’enfer. J’ai tellement essayé de faire mon possible à la suite d’un mariage difficile. Un jour, ma fille m’a dit “On est rien que des pouilleux, maman! On mange de la nourriture qui vient des banques alimentaires!” »

  • Des études indiquent que les adultes pensent qu’ils parviennent à cacher leur insécurité alimentaire à leurs enfants mieux qu’ils ne le font en réalité. Les enfants utilisent leurs propres stratégies pour composer avec l’insécurité alimentaire; par exemple, ils mangeront moins lors des repas, ou demanderont à leurs frères et sœurs de ne pas manger de collations.

« Si on va quelque part où on sert de la nourriture, mon gars voudra grignoter. Je m’assure qu’il a bien mangé avant, mais il n’arrête pas de dire “J’ai faim, j’ai faim!” J’ai tellement honte parce que je pense que le monde croit que je ne le nourris pas. Mais on ne peut pas se permettre de manger à l’extérieur. »

   

AU-DELÀ DE LA FAIM : RÉCITS

Cameron
Brad & Junie
Joyce
Nicola

QUELLE EST LA Solution?

Nous considérons que des politiques gouvernementales sont nécessaires afin de s’attaquer à la principale cause d’insécurité alimentaire. Les politiques représentent notre meilleur moyen de hausser le revenu des gens à travers le pays et de rendre la vie plus abordable — pour tout le monde.

VOICI QUATRE MESURES POLITIQUES QUE NOUS DEMANDONS AU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL D'ADOPTER :

INVESTIR DANS DES MESURES DE SOUTIEN AU REVENU POUR LES CANADIEN-NE-S À FAIBLE REVENU.  
 
  • Faire en sorte que les travailleuses et travailleurs gagnant un faible salaire bénéficient d’un accès équitable à l’assurance emploi.
  • Convertir les crédits d’impôt non remboursables déjà existants en crédits d’impôt remboursables, afin de remettre plus d’argent dans les poches des gens.
  • Instaurer un crédit d’impôt destiné aux adultes en âge de travailler.
  • Faire en sorte que les Canadien-ne-s à faible revenu, notamment ceux vivant dans les réserves des Premières Nations, aient un meilleur accès à de l’aide pour remplir leur déclaration de revenus et à des services de prestations.
RENDRE LA VIE PLUS ABORDABLE POUR LES CANADIEN-NE-S  
 
  • Accélérer la mise en place de l’Allocation canadienne pour le logement, qui soutient les gens qui n’ont pas les moyens de payer leur logement.
  • Accroître le financement fédéral destiné à l’apprentissage préscolaire et aux services de garde à l’enfance.
  • Mettre en place un programme public universel d’assurance-médicaments.
ÉTABLIR DES CIBLES DE RÉDUCTION DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET AMÉLIORER LE SUIVI DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE  
 
  • Établir des cibles de réduction de l’insécurité alimentaire.
  • Faire en sorte que Statistique Canada rende annuellement compte de la situation sur le plan de la sécurité alimentaire, et collecte de meilleures données ventilées en fonction des différents groupes ethniques.
Faire en sorte de mener la lutte contre l’insécurité alimentaire de manière équitable 
 
  • Poursuivre la réforme du programme Nutrition Nord Canada en partenariat avec le groupe de travail Inuit-Couronne sur la sécurité alimentaire et d’autres habitant-e-s du Nord
  • Créer, en partenariat avec les dirigeant-e-s autochtones, un fonds destiné à soutenir la souveraineté alimentaire des autochtones
  • Créer un fonds destiné à réduire l’incidence de l’insécurité alimentaire chez les Canadien-ne-s Noir-e-s
  • Soumettre toutes les interventions visant à réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire à une évaluation de leur incidence sur l’équité raciale
 

PASSEZ À L'ACTION

Que pouvez-vous faire pour mettre la question de l’insécurité alimentaire à l’ordre du jour?

À PROPOS DE CENTRES COMMUNAUTAIRES D'ALIMENTATION DU CANADA

Centres communautaires d’alimentation du Canada met sur pied des centres communautaires d’alimentation et des programmes alimentaires dynamiques et à l’écoute des gens pour les aider à bien manger, à tisser des liens avec leurs voisin-e-s, de même qu’à contribuer à faire du Canada un endroit plus juste et plus inclusif en défendant des causes sociales et en se soutenant mutuellement. Avec nos partenaires, nous travaillons à l’éradication de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, de même qu’à l’amélioration de la santé et du bien-être des Canadien-ne-s à faible revenu.

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