Le récit de Brad & Junie
« J’ai trouvé ça très déprimant parce que je ne pouvais pas manger grand-chose. Et c’était vraiment difficile d’ajuster mes besoins avec ce que les autres voulaient. Mes filles se sont fait harceler et vivent beaucoup d’anxiété par rapport à ce qui concerne la nourriture. »
Le matin, personne n’aime devoir préparer le lunch d’enfants qui ont des goûts particuliers. Or, pour Junie Omand-Penner et Brad Penner de Winnipeg, qui sont parents de deux adolescentes, cette tâche s’avère particulièrement délicate. « Nos filles nous disent : “Unetelle et untel mangent cette chose spéciale — des nouilles japonaises, par exemple —; est-ce qu’on peut en avoir nous aussi?” », explique Brad. « Mais, on doit leur dire qu’on ne peut pas se permettre d’en acheter. »
Vivant de rentes d’invalidité et de prestations d’aide sociale tandis que Brad est retourné à l’école pour terminer sa douzième année et que Junie étudie en développement social au Collège de Red River, leur budget familial ne laisse aucune place aux extra. Ils ont beau surveiller les soldes, recourir à des programmes d’aide alimentaire d’urgence, et fréquenter le marché de fruits et de légumes du centre communautaire d’alimentation NorWest Co-op, il est malgré tout angoissant de composer avec les différents besoins de chaque membre de la famille.
« Les filles se sont fait harceler et vivent beaucoup d’anxiété par rapport à ce qui concerne la nourriture », explique Junie. « Ne pas avoir assez de nourriture est aussi une source de stress dans notre couple. On se dispute. Est-ce qu’on devrait emprunter de l’argent? Où est-ce qu’on va trouver à manger? Ça cause pas mal de discussions. »
Cela peut également causer de l’isolement social. Brad ne se rappelle pas la dernière fois qu’ils sont allés souper chez quelqu’un ou qu’ils ont invité des ami-e-s à partager un repas. Ça devient également compliqué lorsque les filles invitent des ami-e-s à coucher à la maison, dit-il. « On s’inquiète de ne pas pouvoir offrir autant que les familles des autres enfants, comme de la pizza ou des ingrédients pour préparer des muffins. »
Brad et Junie travaillent fort tous les deux pour protéger leurs filles de leurs soucis. « Elles cachent souvent la déception qu’elles ressentent », explique Brad. « Mais, je me sens mal de leur refuser quelque chose. J’essaie de leur expliquer qu’on a un petit budget et qu’on doit faire des sacrifices. »
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